Bon 14 juillet à toutes et à tous ! Sachons nous rassembler autour de la fierté d’être Français, cet idéal humaniste, symbolisé par notre devise : Liberté, Égalité, Fraternité.
Mais d’ailleurs, connaissez-vous l’histoire de la signification de notre fête nationale ?
Fabrice Brun, député de l’Ardèche
Le 14 juillet, histoire et signification de notre fête nationale.
La célébration du 14 juillet a été instituée par la loi Raspail du 6 juillet 1880, pour commémorer la prise de la Bastille du 14 juillet 1789, symbole de la fin de la monarchie absolue, ainsi que la Fête de la Fédération de 1790, symbole de l’union de la Nation. La loi ne mentionne pas quel est l’évènement commémoré : « La République adopte le 14 Juillet comme jour de fête nationale annuelle » (article unique).
C’est en 1879, que la IIIème République naissante cherche une date pour servir de support à une fête nationale et républicaine. Après que d’autres dates ont été envisagées, le député Benjamin Raspail dépose le 21 mai 1880 une proposition de loi tendant à adopter le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle.
Si le 14 juillet 1789 (prise de la Bastille) est jugé par certains parlementaires comme une journée trop sanglante, la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790, elle, permet d’atteindre un consensus. Cette date « à double acception » permet d’unir tous les républicains.
La loi, signée par 64 députés, est adoptée par l’Assemblée le 8 juin, par le Sénat le 29 juin et promulguée le 6 juillet 1880.
Avec cette loi, les événements révolutionnaires se transforment en mythes fondateurs. Le mythe inscrit le présent de la troisième République naissante dans une continuité historique.
Le 14 juillet remplit nombre de critères imposés : il s’agit bien d’une journée d’intervention du peuple français, dans le cadre de son émancipation, de la conquête de la liberté. Le peuple devient acteur de sa propre histoire. L’objet saisi par l’intervention du peuple représente bien l’arbitraire royal en matière de justice. Le choix des parlementaires s’inscrit dans un contexte intellectuel de mise en valeur de la date par les grands républicains, écrivains comme Hugo, historiens comme Michelet.
Le 14 juillet 1880, première manifestation a permis d’ancrer les rituels qui s’imposent encore à nous aujourd’hui. La journée s’organise autour de deux éléments principaux, le défilé militaire et l’ensemble des festivités populaires.
En 1880, le Champ de mars a été abandonné au profit de l’hippodrome de Longchamp. Les présidents des institutions clefs (République, Chambre des députés, Sénat), des membres du gouvernement, des élus de la Nation, des délégations étrangères, à gauche les chefs militaires du pays. Sur l’estrade le président du Conseil des ministres, Jules Ferry, celui de la Chambre Léon Gambetta, celui du Sénat, Léon Say, remettent les drapeaux aux militaires à cheval qui saluent.
Le 14 juillet 1880 est une fête de redressement. La perte des drapeaux dans la guerre de 1870 a provoqué un traumatisme profond que la cérémonie chargée de symboles doit effacer.
Le pouvoir politique, au nom de la Nation, investit l’armée, émanation de la Nation, de la mission de la protéger, de la représenter, de remplir les missions qui lui sont dévolues. Ce moment de la fête civique du 14 juillet est une étape importante dans la construction du lien entre l’armée et le peuple. Le 14 juillet est bel et bien une fête patriotique.
Il s’agit dès l’origine de faire de cette fête une fête militante républicaine. Les festivités se déroulent dans l’espace public, remplaçant d’autres formes d’utilisation de cet espace. Le matin, l’armée défile, composée sur le principe de la conscription, des citoyens qui défendent la Nation toute entière.
Des orchestres, fanfares, harmonies jouent, la musique créant un espace sonore propre à la journée, et en fin de journée la musique clôt les festivités par le bal populaire. Les danses collectives racontent à leur façon l’insurrection victorieuse qu’elles célèbrent dans une démarche patriotique. Le bal rend le spectateur actif, la célébration n’est pas la réception abstraite d’un message politique mais la communion d’une Nation actrice de sa propre histoire.
Le bal ayant lieu généralement le soir, la population s’adonne à des jeux collectifs entre le défilé et la soirée. Dans la journée, se déroule aussi le banquet républicain important dans les rituels et rappelant les démarches politiques des temps difficiles des républicains, notamment sous la Monarchie de Juillet et sous le Second Empire.
Sous la Troisième République, elle coïncide avec la fin du calendrier scolaire, avec des travaux agricoles appelant les bras libérés. Depuis, si chaque année l’union de la Nation est réaffirmée à l’occasion de la fête, quelques 14 juillet ont été particulièrement marquants comme celui de 1919, nommé fête de la victoire après l’austérité de la guerre de 1914-1918. Dans le même esprit, le 14 juillet 1945 est précédé par trois jours de réjouissances civiques.
Le 14 juillet connaît toujours un grand succès. À Paris, le traditionnel défilé militaire sur les Champs- Elysées fait l’objet d’une préparation minutieuse. Partout en France se déroulent bals, illuminations ou feux d’artifice.
De 1974 à 1979, le lieu de célébration du défilé varie :
- 14 juillet 1974 : Bastille-République
- 14 juillet 1975 : cours de Vincennes
- 14 juillet 1976 : Champs-Élysées
- 14 juillet 1977 : École militaire
- 14 juillet 1978 : Champs-Élysées
- 14 juillet 1979 : République-Bastille Défilé militaire.
Depuis 1980, les Champs-Élysées sont redevenus le cadre du défilé.