J’ai à nouveau interrogé le Gouvernement à l’Assemblée nationale sur la prédation lupine, et la nécessité de défendre et protéger le pastoralisme, une richesse économique et écologique.

Fabrice Brun, député de l’Ardèche.

Mon intervention dans l’hémicycle pour le Projet de Loi de Finances 2024 : Mission Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales :

 

 

M. le Ministre, mes chers Collègues,
Puisque nous sommes en plein débat budgétaire, les Français doivent savoir que notre pays consacre plus de 60 millions d’euros par an au loup.
60 millions, ce n’est pas une paille.
Pour plus de 1000 loups dénombrés. Et 12.000 animaux (essentiellement des ovins et des bovins), blessés ou tués.
Ces attaques en forte augmentation en Ardèche, comme ailleurs, minent le portefeuille et le moral de nos éleveurs.
Et malgré les différentes alertes, rien ne change, rien ne bouge vraiment. Aujourd’hui, dans notre pays, le loup est davantage protégé que l’homme ou la brebis.
Vous avez beau vouloir donner un statut au chien de troupeau, on ne peut pas mettre des patous partout.
Pas plus que la rentabilité de l’élevage extensif ne permet de payer un berger à chaque coin de Talweg.
Pas plus qu’on ne peut clôturer partout, en raison de la pente, de la pierrosité et du morcellement des parcelles.
Pas plus, qu’on ne peut obliger les bêtes à pâturer la journée quand il fait chaud. Vous le savez, l’été, elles mangent la nuit à la fraîche, malheureusement encore plus à la merci du loup.
C’est tout cela, la « non protégeabilité » des troupeaux.
Et il va falloir que ça rentre dans la tête de tous les technocrates à Paris et à Bruxelles.
Comme les 10 autres mesures que je vous ai remises, nous les avons travaillés concrètement avec la profession.
Avec une ligne claire que je pense nous partageons : le loup, il faut le compter vraiment et le prélever autant que nécessaire. Car, nous sommes nombreux à le dire, il n’est pas en voie de disparition mais de multiplication.
M. le ministre, il y a urgence pour sauver le pastoralisme, une richesse économique et écologique que nous devons tous défendre et protéger.

La réponse du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau :

 

 

Merci Monsieur le député Brun,
Vous êtes, avec un certain nombre de vos collègues très mobilisés sur cette question de la prédation, pour une raison simple c’est que dans un certain nombre de cas vous l’avez évoqué, elle vient remettre en cause les activités d’élevage pastorale, auquel nous avons besoin de nous attacher.
C’est ce qui a été fait dans le plan loup. Je sais qu’on nous dira que ce n’est pas suffisant mais on a posé les termes d’un certain nombre de débats qui n’avaient jusqu’alors pas été posés.
Termes de débat du statut de l’espèce en se disant qu’il y a un seuil jusqu’au niveau duquel on peut considérer que l’espèce est suffisante en nombre et en génétique, et considérer que son statut peut évoluer. C’est ça aussi la dynamique de protection et de gestion des populations, sinon ça ne sert à rien. On protège quand il n’y en a pas assez et ensuite on fait évoluer les statuts quand il y en a suffisamment. C’est même la réussite des plans précédents que de se dire que l’espèce n’est plus dans un statut de risque. C’est bien cela qui va être posé, au niveau Européen.
D’ailleurs, beaucoup de pays Européens sont en train de se poser les mêmes questions que j’avais posé dès mon arrivée au ministère de l’Agriculture.
Deuxième élément la non-protégeabilité, alors non il faut qu’on assume, pardon de vous le dire, ce n’est pas seulement une affaire de technocrate, des fois les technocrates ont bon dos mais ce n’est pas le sujet, c’est une affaire de se dire qu’y compris avec un certain nombre d’associations, il y a des structures et des pratiques agricoles qui ne permettent pas la protégeabilité du troupeau.
C’est bien ce qui a été dit dans le plan loup. Il faut que dans la déclinaison de 2024 ce soit aussi plus efficace sur les prélèvements, et c’est ce qu’on dit pour faire en sorte que les plafonds fixés chaque année soient atteints chaque année et permettent une gestion, ces derniers permettant que quand il y a des attaques répétitives, on ne mette pas en tension les éleveurs.
Il y a des moyens qui sont mis en place très significatifs, qui sont pris sur la PAC, et qui sont pris sur les moyens de l’Agriculture, seules les indemnisations sont prises sur d’autres budgets et c’est déjà un effort important que fait l’Agriculture.
L’objectif c’est de faire baisser la pression de prédation. Vous avez évoqué le statut du chien Patou, ça ne suffit pas, parce que des Patou il n’y en aura pas partout comme vous le dite dans une formule lapidaire et assez compréhensible.
Et donc là aussi il faut qu’on dise les choses, et donc je pense que ce plan loup il pose les termes d’un débat et à partir du 1er janvier de faire en sorte que les choses aillent mieux pour les éleveurs.

Courrier remis au ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau :

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