Contexte

 

L’agence de notation Standards and Poor’s (S&P) a annoncé vendredi soir qu’elle abaissait la note souveraine de la France, de « AA » à « AA- ». Il s’agit de la première dégradation de la note française depuis 2013 par S&P. L’agence américaine accompagne cette note d’une perspective « stable », indiquant qu’elle n’envisage pas de modification de celle-ci à moyen terme.

Ce score évalue la capacité d’un pays à rembourser ses dettes. Une bonne note écarte la perspective d’un défaut de paiement : elle est gage de confiance pour les investisseurs. Cet abaissement cette note n’est pas sans lien avec le programme de stabilité voulu par le Gouvernement, dont le Haut Conseil des finances publique (HCFP) avait rendu un avis sévère et sceptique sur les projections officielles.

 

Rappel des chiffres

 

En effet, après une année 2023 catastrophique, le Gouvernement confirme le dérapage incontrôlé de nos finances publiques :

  • En 2023, le déficit public français a connu un dérapage sans précédent (-5,4% du PIB, quand le Gouvernement promettait qu’il serait de -4,9%). Le HCFP parle d’une « année noire pour les finances publiques ».
  • En 2024, le nouvel objectif de déficit sera à –5,1% du PIB, alors que le Gouvernement tablait jusqu’à présent sur -4,4% du PIB.
    • Cela implique de faire 20 Md€ d’économies par rapport à ce qui a été voté dans la loi de finances pour 2024. Après les 10 Md€ de crédits annulés par décret, il reste encore 10 Md€ à trouver cette année.
  • En 2025, la prévision de déficit est ramenée à 4,1%, contre 3,7% prévu initialement. Cela implique de faire encore 20 Md€ d’économies.
  • En 2027 :
    • Le gouvernement maintient son objectif d’un déficit public sous les 3% du PIB (alors que nous serons le dernier pays européen à revenir sous ce seuil). La pente pour y arriver est donc encore plus raide, pour les années 2025, 2026 et 2027. Néanmoins, les agences de notation Fitch et Moody’s laissent clairement entendre qu’elles ne croient pas à un retour du déficit sous les 3% en 2027.
    • La dette publique est attendue à 112,3% du PIB, contre 108,1% dans la loi de programmation présentée en 2022.

Le Gouvernement acte donc le fait que notre dette publique ne baissera pas durant le quinquennat. Il n’escompte plus désormais qu’une « stabilisation » de notre dette à partir de 2027.  

  • Entre 2024 et 2027, la dépense publique continuerait de croître en volume (+0,6% hors urgence et relance).

Pourtant, ces objectifs de déficit, extrêmement peu glorieux, et très dégradés par rapport à nos voisins européens, sont quasi intenables.

Pour rappel : 

  • Un bilan désastreux après 7 ans de présidence Macron
    • Le poids de la dépense publique n’aura jamais été aussi élevé que sous le quinquennat d’Emmanuel Macron. Il est aujourd’hui deux fois supérieur à ce qu’il était en 2019.
    • En dix ans de pilotage des finances publiques par M. Macron (comme ministre de l’Économie, puis Président), la France a pris 1000 milliards de dettes. Notre dette dépasse désormais les 3 100 milliards d’euros, un montant record. C’est près de 45 000€ de dette par Français !
    • La charge de la dette explose. Elle était en effet de 31 Md€ en 2021, elle va grimper à 57 Md€ en 2024 et pourrait dépasser les 81 Md€ en 2027. C’est devenu, le poste de dépense le plus important de l’Etat.
    • Pourtant, le désendettement n’est pas du tout à l’ordre du jour : notre dette va continuer de progresser d’ici 2027, contrairement aux promesses de campagne de Macron lors de sa réélection.
    • Notre déficit commercial, qui a atteint un record absolu en 2022 (164Md€) devrait rester très élevé en 2023 (99,6 Md€ soit le deuxième plus gros déficit commercial de notre histoire).
    • 23 des 28 pays de l’Union européenne ont profité des taux négatifs pour se désendetter entre 2014 et 2019.  La France faisait, quant à elle, partie des 5 pays qui continuaient d’augmenter leur dette.

La trajectoire de rétablissement des comptes est ainsi trop incertaine, trop optimiste et trop lente. Comment croire qu’un Gouvernement qui a laissé dériver nos comptes comme jamais depuis 2017, et qui s’est révélé incapable de faire la moindre économie, pourrait-il être crédible pour réaliser les économies les plus massives de notre histoire budgétaire ?!

Le projet de loi de finances pour 2025 aura sans doute besoin de 20 à 25 milliards d’économies pour être bouclé, dans un contexte où l’exécutif est menacé de motions de censure à l’Assemblée nationale par tous les bancs de l’opposition.

Fabrice Brun, député de l’Ardèche.

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