Assemblée Plénière des 14 et 15 octobre 2021 – Région Auvergne-Rhône-Alpes

Vœu présenté par l’exécutif

Les éleveurs subissent toujours plus d’attaques de loups sur leurs troupeaux, principalement en estive dans les alpages, ce qui impacte dramatiquement l’équilibre de notre modèle d’élevage fondé sur une tradition agro-pastorale longue de plusieurs siècles.

Alors que certains bergers sont aujourd’hui dans l’obligation de redescendre de nos massifs faute de moyens de lutte efficaces, c’est toute la profession qui présente une détresse morale et psychologique. La casse humaine, conséquence de cette situation, n’est plus supportable.

La question financière est secondaire dans ce contexte mais il faut rappeler que le coût annuel de la présence du loup en France est estimé à 30M€ (contre 6M€ 2004) et la population nationale lupine, bien que sous- estimée, est annoncée à 624 bêtes dont 40% est implantée en Auvergne-Rhône-Alpes. Les moyens pour assurer la protection des troupeaux ne suffisent pas à enrayer la croissance inexorable des prédateurs qui ne limitent plus leurs attaques aux moutons ou chèvres, mais aussi aux bovins et équins notamment.

Le loup est protégé par les règlements français, mais aussi européens comme la Convention de Berne et la Directive Habitat mais ces règles sont appliquées de manière trop stricte, sans adaptation locale et sans prise en compte de la spécificité de notre élevage de montagne, de petite taille, familial et attaché au pastoralisme.

Les chiens de défense des troupeaux peuvent être une solution mais cela s’avère incompatible avec les fréquentations touristiques. Il y a un risque accru d’attaque de ces chiens sur toute personne étrangère à l’alpage avec des conséquences déplorées chaque année.

Il y a une impérieuse nécessité de venir en aide à ceux qui ont choisi d’être éleveur, par passion et amour de la nature. Leur détresse n’est généralement pas bruyante mais bien réelle et profonde. Elle s’exprime de manière plus claire en ce 15 octobre où des rassemblements de soutien aux éleveurs sont organisés.

L’absence de troupeau en alpage a un impact environnemental, les espaces se referment avec des conséquences sur la biodiversité car les milieux changent provoquant la disparition des habitats favorables à la petite faune de montagne. Cette situation nuit tout à la fois au tourisme et accroit également les risques naturels comme les avalanches.

La Région investit plus de 2,4M€ par an afin de soutenir le pastoralisme dont 300 000 € sont spécifiquement dédiés à la lutte contre la prédation. Cela passe par une aide aux lieutenants de louveterie pour renforcer l’efficacité des prélèvements par l’acquisition de matériels performants comme des caméras thermiques, des lunettes de tir à imagerie thermique, des jumelles infrarouges… par un soutien juridique aux éleveurs mis en cause lors d’un accident avec un chien de protection, par des expérimentations de repérage et d’effarouchement par drone ou encore via la construction de logements pour que les éleveurs puissent être au plus près de leurs troupeaux.

La Région Auvergne-Rhône-Alpes doit être la 1ère des Régions de France à porter cette voix et la cause des bergers, des éleveurs et de la défense de l’agropastoralisme.

Par ce vœu, le Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes entend rappeler aux éleveurs son soutien ainsi que sa volonté d’être toujours présente à leurs côtés, afin de lutter le plus efficacement possible contre les attaques de loup. Il demande à l’Etat la mise en place d’une gestion par massif avec un quota spécifique tenant compte des enjeux agricoles, touristiques et cynégétiques, le tout sur la base d’un comptage réaliste du nombre de prédateurs et de réponses de défense adaptées aux contraintes des éleveurs.

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