À l’occasion de la réforme constitutionnelle, la Garde des Sceaux veut réduire, rationaliser les amendements car selon ses dires, nous ne serions ni responsables, ni représentatifs, et nous ne ferions pas un travail de qualité. Ce n’est pas une ministre de porter une appréciation sur la qualité du travail parlementaire. Une véritable atteinte à la séparation des pouvoirs qui me pousse à réagir.

Elus par le peuple – qui nous a choisi – nous ne serions pas représentatifs !

Elus par le peuple  – qui nous sanctionne positivement ou négativement à la fin de notre mandat – nous ne serions pas responsables !

Elus par le peuple – qui décidément ne sait pas choisir ses représentants – nous ferions un travail de mauvaise qualité !

Elus par le peuple – qui nous confie ses préoccupations, ses inquiétudes, voire ses reproches – nous ne pourrions donc plus chercher à amender les projets ficelés par la haute fonction publique, cette technocratie qui cherche désormais à nous gouverner.

Poussons donc plus loin la logique de Madame la Garde des Sceaux, supprimons le Parlement, élu par le peuple, et laissons la haute fonction publique écrire la loi – qui s’appliquera au peuple – pour le gouvernement. Passons donc de la démocratie à la « démocrature ».

Mais vous ne musèlerez pas aussi facilement l’opposition, car bâillonner les députés, c’est bâillonner le peuple, c’est bâillonner les français. J’ai une autre conception du travail parlementaire et de la liberté d’expression.

Selon la célèbre citation attribuée à Voltaire, Madame la ministre, je ne suis d’accord avec vous ni sur l’essentiel, ni sur l’accessoire. Par contre, je me battrai jusqu’à mon dernier souffle pour que votre voix soit entendue. Je vous invite à en faire de même pour que vive la démocratie. L’incident est clos, maintenant au boulot !

 

Fabrice Brun, député de l’Ardèche.

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