L’Assemblée nationale, c’est la voix du peuple, c’est la garante des libertés. Cette liberté de penser qui est aussi la mienne. Liberté de ne pas me me sentir engagé par des programmes d’hier sans lendemain, dans un monde qui change et sans cesse évolue.
Liberté de porter la voix du profond du pays, qui bosse dur, se lève tôt, commence à travailler plus jeune, avec quelquefois des parcours fracturés, comme les territoires que nous aimons et que nous habitons.
Liberté de dénoncer les angles morts et les injustices de ce texte.
Parce que cette réforme est injuste.
- INJUSTE, car en repoussant l’âge de départ à 64 ans sur le papier, 65 ou 66 dans les faits pour beaucoup de français, le gouvernement amplifie les inégalités qu’il prétend combattre. Il fait payer le prix fort aux classes moyennes et populaires.
- INJUSTE pour ceux qui ont commencé à travailler à 19 ou 20 ans et qui vont devoir cotiser 44 ans.
- INJUSTE pour les femmes qui ont des carrières hachées et des rémunérations plus faibles, et qui bien souvent doivent travailler jusqu’à 67 ans.
- INJUSTE sur l’extinction des régimes spéciaux dans plusieurs décennies ! Le comptable de la RATP partira à 59 ans, pendant que la femme de ménage ou l’aide à domicile cravacheront jusqu’à 67 ans.
- INJUSTE parce qu’on fait reposer les efforts sur une génération, particulièrement sur ceux et celles nés entre 1961 et 1972. Les quinquagénaires qui galèrent jusqu’à 62 ans aujourd’hui, galèreront jusqu’à 64 ans demain.
- INJUSTE car débattre des retraites sans une seule mesure pour la natalité, c’est fragiliser notre système de financement par répartition. Oui la démographie est la grande oubliée de la réforme, car les bébés de 2023 sont les cotisants de 2043, comme le souligne si justement l’UNAF. Et pire encore, ce texte pénalise les mères de famille qui devront partir à 64 ans sans bénéficier de leurs trimestres accordés pour la maternité !
- INJUSTE car reculer l’âge de la retraite, sans lutter contre la fraude sociale, sans inciter plus fortement au retour à l’emploi, ou travailler davantage par la formation à l’employabilité de tous les français, c’est terriblement injuste !
Oui, c’est INJUSTE de demander des efforts toujours aux mêmes, ceux qui travaillent. Alors que le million d’emplois non pourvus dans notre pays, représente le premier gisement d’heures travaillées/cotisées pour sauvegarder notre système par répartition, dans un contexte où partout il manque de bras.
Pourtant une autre chemin existe, moins brutal dans un pays au bord de la crise de nerfs en raison de trois ans de crise Covid, la guerre de retour sur le continent européen et les factures de plus en plus difficiles à régler.
Pour plus de justice afin d’atténuer encore la pente de la réforme à 43 ans de cotisations. En travaillant notamment sur les deux maillons faibles de la chaîne : l’emploi des jeunes et celui des séniors via la retraite progressive, le cumul emploi retraite et le tuteurage en entreprise comme dans l’administration. En récompensant mieux le mérite, l’effort et l’innovation. En augmentant le différentiel entre les revenus du travail et ceux de la solidarité. Valoriser le travail, et lui donner du sens, valeurs cardinales de notre engagement.
Fabrice Brun, député de l’Ardèche.