Je n’ai de cesse de rappeler à Paris la situation unique de l’Ardèche qui ne compte ni trains de voyageurs, ni autoroute. Et une seule route nationale relevant de la compétence de l’Etat, la RN102.

Je viens donc d’interroger une nouvelle fois la Ministre des transports sur la modernisation de l’itinéraire de la RN102, en faisant des propositions concrètes de points noirs à améliorer comme l’aménagement du carrefour de Lafayette, la rectification des virages dans la côte de Mayres, l’aménagement du créneau de la Teyre, la sécurisation du pont de La Motte à Barnas ou de la côte de ville à Aubenas.

Des questions concrètes auxquelles la réponse pour le moins administrative de la Ministre laisse présager des échanges nourris au Sénat comme à l’Assemblée nationale sur le projet de loi sur les mobilités.

Fabrice Brun, député de l’Ardèche


Assemblée nationale
XVe législature
Session ordinaire de 2018-2019

Extrait du compte rendu

Première séance du mardi 05 mars 2019

Présidence de M. Francis Vercamer
Mobilités en Ardèche et modernisation de la RN102

M. le président. La parole est à M. Fabrice Brun, pour exposer sa question, n614, relative aux mobilités en Ardèche et à la modernisation de la RN102.

M. Fabrice Brun. Le Gouvernement affiche une double priorité dans sa politique en matière de transport : la modernisation des réseaux existants et les transports du quotidien. Tant pis pour les grands projets d’infrastructure de transport, que vous avez abandonnés comme une nouvelle gare TGV au sud de Rhône-Alpes, mais tant mieux pour la route nationale 102 car, en Ardèche, pour les transports relevant de la compétence de l’État, vous n’aurez pas l’embarras du choix ! De fait, situation unique en France métropolitaine, notre département ne compte ni autoroute, ni trains de voyageurs, et une seule route nationale, la RN102.

À l’heure où le verrou du Teil va enfin sauter, grâce à la mobilisation de tous les parlementaires ardéchois, députés et sénateurs, madame la ministre chargée des transports, quelles sont vos intentions s’agissant de la modernisation de la RN102 ? Quels sont les crédits d’État programmés à cet effet en faveur de la seule route nationale de notre département ?

Que ce soit dans le projet de loi d’orientation des mobilités ou dans la préparation du contrat de projet État-région – CPER – 2020-2025, la mobilité des Ardéchois ne doit pas être oubliée. Plus de vingt points noirs ont été identifiés depuis 2012 par la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement – DREAL –, qui attend depuis sept ans une commande politique pour, par exemple, sécuriser le carrefour de La Fayette, rectifier des virages dans la côte des Mayres – une des cinquante plus dangereuses de France –, aménager les ponts de la Motte à Barnas et de la Leoune à Thueyts, réaliser le créneau de la Teyre à Thueyts, où, au XXIsiècle, deux camions ne se croisent toujours pas, aménager les entrées de village comme à Lalevade au Pont de Labeaume, sécuriser la côte de ville à Aubenas, qui est un des points les plus accidentogènes, autant de travaux concrets, de propositions que je ne peux citer toutes, comme sur Labégude et ailleurs.

Enfin, il est nécessaire de mettre la RN 102 au gabarit contemporain d’une route nationale, car elle constitue la véritable épine dorsale de l’Ardèche méridionale et de la montagne ardéchoise, un axe essentiel entre l’autoroute A7 dans la vallée du Rhône et l’A75, axe que je vous invite à prioriser, madame la ministre, au service de la sécurité des usagers et de la mobilité des Ardéchois.

M. le président. La parole est à Mme la ministre chargée des transports.

Mme Élisabeth Borne, ministre chargée des transports. En assurant la desserte de la montagne ardéchoise, la RN102 constitue un axe important qui permet de connecter le sud-est du Massif central à la vallée du Rhône, et ainsi d’irriguer un vaste territoire.

La politique d’investissements routiers de l’État en Ardèche est constituée d’une combinaison d’actions, dont, notamment, la réalisation du contournement du Teil, qui est inscrite à l’actuel contrat de plan État-région en Auvergne-Rhône-Alpes, pour un montant de 63,8 millions d’euros, dont 35,3 millions apportés par l’État. Les premiers travaux ont ainsi commencé en septembre dernier. Cette première phase va, notamment, permettre de réaliser un ouvrage au-dessus des voies SNCF et les deux extrémités de l’opération. Enfin, la construction du viaduc du Frayol devrait débuter au cours du second semestre 2019.

Au-delà, une étude d’itinéraire a été présentée aux élus en 2013. Cette étude ne permet pas de conclure à la nécessité d’un élargissement systématique à 2×2 voies de l’axe, compte tenu des faibles enjeux de trafic. Néanmoins, l’étude recensait différents points singuliers de l’itinéraire nécessitant d’être traités, afin d’augmenter le niveau de service offert aux usagers, d’améliorer le confort et la sécurité des riverains ou encore de valoriser les richesses touristiques, paysagères et patrimoniales de la RN102. Un programme, portant sur un ensemble de quatorze aménagements prioritaires, a ainsi été présenté pour un montant de 12 millions d’euros. L’actuel contrat de plan ne les a pas encore intégrés, malheureusement.

L’aménagement du virage de la Teyre à l’est de Thueyts apparaît, cependant, comme l’opération la plus prioritaire. L’avenant au CPER, signé en octobre 2017, prévoit la mise en place d’une enveloppe de 2 millions de la part de la seule région Auvergne-Rhône-Alpes pour cette opération évaluée à 4,7 millions d’euros. La finalisation du plan de financement reste un préalable à sa concrétisation effective.

Enfin, certains aménagements ont déjà été réalisés par la direction interdépartementale des routes du Massif central, qui assure l’entretien et l’exploitation de l’axe, ou le seront ces prochaines années. Je vous confirme donc que, dans un contexte budgétaire fortement contraint, les services de l’État restent pleinement mobilisés afin de faire progresser les projets situés sur la RN102.

M. le président. La parole est à M. Fabrice Brun.

M. Fabrice Brun. Merci, madame la ministre, d’avoir rappelé l’engagement des Ardéchois sur la déviation du Teil, qui est un verrou important. Merci aussi d’avoir rappelé l’engagement de la région aux côtés de l’État, notamment sur le créneau de la Teyre qui constitue un point noir particulier.

Si vous voulez accompagner la mobilités des Ardéchois, il importe d’investir, de façon massive, des crédits sur cette route nationale, car, je le répète, il n’existe ni train, ni autoroute, ni voie routière expresse. J’espère d’ailleurs que, dans le cadre de l’examen du projet de loi d’orientation des mobilités, nous pourrons aborder ces moyens dédiés.

Avec les sénateurs ardéchois, nous avons introduit une demande de rendez-vous auprès de vous, il y a quelque temps. Je vous propose que nous puissions nous rencontrer rapidement. Vous verrez que nous connaissons certes les contraintes que je vous ai exposées, mais aussi que, en Ardèche, si on n’a pas de train, on a des idées ! Ce sera donc l’occasion de témoigner de la capacité d’innovation de notre territoire, notamment avec l’ouverture récente de la Maison de la mobilité à Aubenas.

Je reste à votre écoute et à celle de vos services pour avancer ensemble sur ce dossier.

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