Depuis trois semaines, les usagers de la SNCF sont en marche… sur les quais de gare ! Oui, il faut réformer la SNCF, mais sur le fond, je regrette une réforme minimum pour un maximum de désagréments pour les usagers :

– Rien sur la dette de la SNCF (50 milliards d’euros !). Comment la SNCF va-t-elle faire pour traverser le fleuve agité de l’ouverture à la concurrence avec un sac à dos rempli de sel ?

– Rien sur l’avenir des lignes du quotidien (appelées à tort petites lignes vues de Paris et que le rapport Spinetta propose de supprimer !) si précieuses pour la mobilité de millions de Français, et dont l’examen est renvoyé aux calendes grecques. Une façon de botter en touche qui n’augure rien de bon sur l’accompagnement financier de l’Etat aux Régions chargées d’entretenir et de moderniser le réseau des transports ferroviaires du quotidien, sans aucune compensation connue à ce jour. Et nous sommes malheureusement bien placés en Ardèche pour savoir combien la disparition des trains de voyageurs dans notre département (merci la LOTI* de 1983 !) entrave notre mobilité au quotidien.

– Et des doutes pour ma part sur les vertus de l’ouverture à la concurrence. Nous avons déjà donné avec la privatisation de France Télécom en 1997 sous Lionel Jospin, source de l’incapacité de l’Etat d’imposer un service universel du numérique équitable pour tous les Français. Dans nos territoires, nous en payons encore les pots cassés avec des difficultés structurelles sur la téléphonie mobile et l’internet haut débit.

Sur la forme, cela devient une mauvaise habitude, le gouvernement légifère par ordonnance. Si l’on peut comprendre qu’en début de quinquennat les ordonnances pouvaient avoir leur utilité pour mettre la réforme en mouvement, aujourd’hui il faut dire stop ! On ne peut pas gouverner un pays par ordonnances !
On ne peut pas priver les français d’un vrai débat sur le fond au Parlement sur le train et nos infrastructures ferroviaires, et ce d’autant plus que la concertation avec les partenaires sociaux et les corps intermédiaires fait défaut depuis plusieurs mois dans notre pays sur de nombreux sujets. Je n’ai pas été élu député pour être dépossédé de mon pouvoir législatif au profit du gouvernement !

Un coup de gueule qui ne m’empêchera pas de continuer à soutenir et voter des textes qui vont dans le bon sens pour mon pays et pour nos territoires, avec un vrai débat parlementaire, comme je l’ai fait ces derniers mois sur la moralisation de la vie publique ou la politique énergétique.

Fabrice Brun, député de l’Ardèche

*LOTI : Loi d’Orientation des Transports Interieurs

©Photo/LeParisien

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