Projet de loi BIOETHIQUE : L’extension de la PMA est l’arbre qui cache la forêt. NON aux apprentis sorciers transgressant les frontières entre l’homme et l’animal !

Débattre de la bioéthique, c’est aborder des sujets qui touchent à l’intime et aux convictions de chacun. En première lecture le 15 octobre 2019, j’ai considéré l’ouverture de la PMA (procréation médicalement assistée), comme une mesure de liberté pour toutes les femmes. Tout en précisant que je m’opposerai toujours à la GPA (gestation pour autrui), toujours interdite d’ailleurs dans le droit français, une ligne rouge à ne pas franchir.

Près de deux années se sont écoulées depuis le début de l’examen de ce texte à l’Assemblée nationale, et de nouvelles lignes rouges sont apparues au gré des quatre lectures cumulées dans la navette parlementaire avec le sénat.

Sur la forme tout d’abord, les débats ont marqué une rupture profonde par rapport aux lois bioéthiques précédentes adoptées en 2005 à l’unanimité et en 2016 en commission mixte paritaire, où députés et sénateurs avaient su trouver un accord. Là, la majorité en place n’aura hélas rien fait pour créer un minimum de consensus autour de questions pourtant fondamentales qui devraient dépasser les clivages politiques traditionnels. Les débats irrationnels sur la PMA post-mortem (heureusement rejetée !) illustrent cette forme de jusque boutisme de certains « ayatollah ».

Sur le fond ensuite, car aujourd’hui en juin 2021 deux ans plus tard, l’extension de la PMA est au final l’arbre qui cache la forêt. Le texte, dans sa version définitive, génère beaucoup d’inquiétude sur la modification du code juridique sur les cellules souches embryonnaires humaines, comme sur la possible création de chimères homme-animal. En effet, l’article 17 du projet de loi Bioéthique prévoit d’autoriser la création d’embryons chimères animal-homme, c’est à dire d’embryons animaux dans lesquels sont injectées des cellules souches pluripotentes humaines ou des cellules dites IPS (cellules adultes reprogrammées). Faut-il ainsi jouer aux apprentis sorciers sans espoir thérapeutique réaliste ? Ma réponse est clairement non.

En qualité de législateur, je n’ouvrirai pas la porte à la création d’un être chimérique fait de cellules humaines et animales. Une conviction personnelle renforcée par l’avis du Conseil d’Etat qui a clairement souligné « ces risques liés à la transgression des frontières entre l’Homme et l’animal ». Mon vote définitif pose donc aujourd’hui les limites éthiques que l’on ne peut à mon sens franchir, afin de continuer à protéger les êtres humains.

En définitive, ce qui est techniquement possible, n’est pas toujours humainement et raisonnablement souhaitable. C’est un enseignement fort que je tire de ces débats.

Fabrice BRUN, député de l’Ardèche.

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