En annonçant au mois de décembre l’objectif de revaloriser les pensions de retraite agricoles à 85 % du Smic sans préciser si cette mesure concernerait les nouveaux entrants seulement ou l’ensemble des retraités agricoles, le gouvernement a suscité un immense espoir dans nos campagnes.
Pendant deux mois, le monde agricole a eu la conviction que cet objectif concernerait tous les retraités agricoles, les retraités actuels, que certains désignent de manière un peu techno de « stock », et les futurs retraités qualifiés pour leur part de « flux ».
En dépit des doutes exprimés par de nombreux députés de diverses sensibilités sur le caractère ambigu des annonces de l’exécutif à l’occasion de rencontres diverses et variées sur le terrain avec les professionnels, pendant les mois de janvier et février le monde agricole est resté convaincu du caractère large de cet objectif.
A l’occasion du Salon International de l’Agriculture, les masques sont brutalement tombés lorsque le Président de la République a annoncé que ne seraient concernés que les retraités à venir dans le cadre de carrières complètes.
Au-delà de la forme du propos présidentiel – « je ne peux gérer l’avenir et le passé en même temps. Je ne vais pas vous mentir. Enfin vous voyez déjà tout ce qu’on se tape » – cette annonce a été vécu sur le fond comme un véritable affront par le monde paysan.
Comment accepter l’enterrement en petites pompes de la revalorisation des retraites agricoles ?
En réponse aux nombreuses critiques sur cette fin de non recevoir, le gouvernement a annoncé en séance à l’Assemblée nationale la nomination d’un parlementaire en mission. Un de plus !
Comme le disait Clémenceau : « Si vous voulez enterrer un problème, il faut nommer une commission ». Or, ce n’est pas d’une énième commission dont le monde agricole a besoin, mais de la reconnaissance du ventre de la Nation à qui il a tant apporté et apporte encore.
La France est une grande Nation. Elle est un pilier de la construction européenne. Cette Europe qui s’est construite à la base autour de la réalisation de son autosuffisance alimentaire.
Tout cela nous le devons à des générations de paysans qui ont travaillé dur, pour des retraites de misère.
Le gouvernement nous dit : « 1 milliard d’euros c’est trop, on ne peut pas ».
Pourtant c’est quatre fois moins que les 4 milliards d’euros de cotisations sur lesquelles le gouvernement s’assoie dans sa réforme pour les revenus supérieurs à 120.000 euros par an.
Atteindre 1000 € de retraite par mois, 85% du SMIC, c’est donc bien un objectif politique.
Et comme le dit l’adage, qui peut le plus, peut le moins. Commençons déjà par revaloriser la retraite de ceux qui l’ont liquidée sur la base d’une carrière complète. Ils sont 220.000 pour un coût estimé par la profession à 400 millions d’euros. Et là, c’est dix fois moins que le montant la suppression des cotisations pour les plus hauts revenus voulue par le gouvernement dans son projet de réforme.
Tout est donc possible. Partout où il y a une volonté, il y a un chemin. Nos paysans le valent bien !
Fabrice BRUN, député de l’Ardèche.