Le gouvernement propose la création d’un service national universel (SNU) obligatoire d’un mois, encadré par l’armée, pour les jeunes de 16 ans. Une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, confirmée par Edouard Philippe ce 27 juin en Conseil des ministre qui a dévoilé les contours de ce SNU : une partie de cette phase obligatoire se fera en internat, suivie d’une phase optionnelle tournée vers l’engagement.

Dans le fond, la mise en place d’un tel dispositif reste une bonne idée, mais comment l’appliquer sans grever les dépenses de l’Etat (coût de 3 milliards d’euros) tout en sachant que d’autres solutions existent, avec un coût minimal et en préparant les jeunes moins tardivement, dès leur entrée au collège.

C’est le sens du rapport rendu par ma collègue députée du Loiret Marianne DUBOIS. Une idée plus ambitieuse, sous forme d’un parcours citoyen renforcé sur trois étapes :

  • La première, de loin la plus importante, dès la 6ème, avec un engagement civique, moral et de défense renforcé d’une durée d’une semaine,
  • La deuxième étape à 16 ans, avec une semaine d’engagement avec une cérémonie officielle,
  • Enfin, une troisième étape axée sur le volontariat, dans le but de développer des outils incitatifs à l’engagement chez les jeunes adultes et étudiants.

« On ne fait pas un bon citoyen en un mois et la réussite de ce dispositif ne marchera que si les jeunes acceptent ce qu’on leur propose. »

Un projet sur la durée, en travaillant en profondeur avec les jeunes tout au long de leur scolarité, car il ne faut pas occulter cette tranche d’âge de la 6ème à la 3ème. La proposition du gouvernement de mettre en place ce service national universel obligatoire d’un mois ne va pas suffisamment en profondeur, ni dans la durée. On ne fait pas un bon citoyen en un mois et la réussite de ce dispositif ne marchera que si les jeunes acceptent ce qu’on leur propose.

C’est d’ailleurs l’avis de la FAGE (Fédération des Associations Générales Etudiantes) qui, dans un communiqué publié au début de l’année, pointait du doigt ce projet de SNU du gouvernement Philippe en démontrant justement qu’il est « faux et mensonger de désigner les jeunes comme repliés sur eux-mêmes, déconnectés de la vie publique et désintéressés des grands enjeux contemporains, quand il s’agit simplement d’une mutation des formes d’expression et de participation politique. »

Selon l’INJEP, la part de jeunes de 18 à 30 ans qui s’engageaient bénévolement était de 35%, contre 26% en 2015.

Les chiffres de l’Institut National de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire (INJEP) confirment ces propos : en 2016, la part de jeunes de 18 à 30 ans qui s’engageaient bénévolement était de 35%, contre 26% en 2015. Outre cet engagement bénévole, plus de 90 000 jeunes effectuent chaque année un service civique, et 15 000 jeunes par an s’engagent dans la réserve.

Le rapport parlementaire de ma collègue Marianne DUBOIS est vu d’un bon œil par la FAGE : « un rapport qui s’éloigne du scénario initial proposé par Emmanuel Macron qui transformerait le SNU en un « parcours citoyen » porté par le ministère de l’Éducation Nationale. » L’école est le véritable creuset de la république, et c’est son rôle de participer à l’émancipation citoyenne des nouvelles générations.

Fabrice Brun, député de l’Ardèche

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